Cobaye des extraterrestres (2)

Bien sûr, il m’était déjà arrivé, d’entendre incidemment le terme « Soucoupe volante », mais je n’y avais jamais prêté intérêt jusque-là.

Concentrant désormais toute mon attention sur le véhicule qui fonce vers moi, j’évalue très rapidement les risques de collision. Ils sont très grands, et j’avoue que sans perdre mon sang-froid, j’ai malgré tout un petit pincement au cœur.

À cet instant, les mots rassurants que j’avais ressentis physiquement s’imprimer dans mon cerveau prennent toute leur signification. Je me sens tout à fait rassuré et certain de ne courir aucun danger. Je contrôle alors froidement la situation, sans le moindre sentiment de peur ou d’émotion quelconque.

Me voici transformé moralement en une « machine » où tout est, semble-t-il, programmé. Mais pour quel programme ?
Sur mon ambulance, le drapeau d’urgence est déployé et le gyrophare tourne. Je mets en action mes klaxons spéciaux… Hélas, sans résultat. Mon « adversaire » ne zigzague plus, mais il fonce à très vive allure vers moi. Il se trouve dans mon couloir de roulement, donc dans celui de son extrême gauche.

Tout en multipliant les appels de phare, je jette un rapide coup d’œil sur mon tachymètre – Je roule à 150 km/h – freiner à cette allure serait accroître grandement les risques d’une catastrophe. Je ne peux non plus me rabattre plus à droite : un fossé profond borde la route. Par contre, le rétroviseur m’indique qu’il n’y a rien derrière. Je tente donc une première manœuvre en braquant d’un coup sec sur la voie centrale, afin de laisser éventuellement l’adversaire me croiser sur ma droite.

Surprise effarante… Au centième de seconde près, ce dernier, comme synchronisé, braque dans la même direction que moi et me fonce à nouveau dessus.
Il se rapproche rapidement ; il me faut vite effectuer une deuxième tentative.

Là, j’ouvre une parenthèse pour dire qu’à cette allure, la rapidité des réflexes et l’enregistrement visuel sont décuplés. Cela me permet de constater, en un éclair, deux choses absolument troublantes, que je puis expliquer aujourd’hui seulement.
Premièrement : toutes les aiguilles de mon tableau de bord s’affolèrent. Or, mon véhicule n’avait que 4 mois d’existence.
Deuxièmement : nos véhicules se rapprochant l’un de l’autre, j’affirme n’avoir distingué aucun conducteur à bord de la voiture adverse.
Plus loin, je vous exposerai l’explication que l’on m’en a donnée.

Tout se passe maintenant à une rapidité extraordinaire. La route étant libre derrière moi, je reviens brusquement sur la voie de « Droite ».
Une fois de plus, avec la même précision, nos véhicules se retrouvent face à face. L’autre, avec une simultanéité déconcertante, venant se rabattre sur son extrême gauche, et fonçant de nouveau dans mon couloir, comme attiré irrésistiblement par moi…
[…]
Maintenant, le bolide qui me fonce dessus est très près de moi. J’ai le sentiment profond que ce véhicule est littéralement « aspiré » par moi ; comme si mon ambulance, transformée en un « aimant » d’une puissance inimaginable, attire irrémédiablement dans son champ d’attraction, cette masse de métal que constitue le véhicule d’en face.
La seconde manœuvre ayant échoué, la distance entre nos deux voitures ne me permet plus qu’une seule et ultime tentative : celle de la dernière chance.
[…]
Hélas, cela n’avait servi à rien. Le véhicule venant en sens inverse, avait lui aussi et tout aussi brusquement que moi, gagné la voie centrale.

Aujourd’hui, avec le recul du temps, et le souvenir très précis et inaltérable du moindre geste, du moindre mouvement dans le déroulement de ces manœuvres , j’essaie, en écrivant ces lignes, d’analyser rationnellement les faits. J’avoue que, malgré tous mes efforts pour demeurer dans la logique des choses, je ne puis les déformer pour satisfaire les matérialistes de tous bords.

En effet, pendant le déroulement de ces trois manœuvres successives, qui, je le souligne, se sont déroulées presque à la vitesse de l’éclair : j’eus l’impression d’avoir eu en face de moi un « autre moi-même ». C’était comme si je fonçais vers un immense miroir, en manoeuvrant désespérément pour tenter d’éviter la réflexion de ma propre image.

Bien sûr, il faut entendre cela au sens figuré. Mais je ne puis, pour le lecteur, expliquer l’absolue et parfaite similitude de ces manœuvres que par cette image peu conventionnelle, mais qui reflète très profondément ce que je ressens, en revivant ces évènements que j’ai vécus.

La collision fut gigantesque. Nous nous heurtâmes de plein fouet, avec une violence inouïe, au milieu de la chaussée.

Ibid.