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Les voies de l'étrange et du mystérieux
Les voies de l'étrange et du mystérieux
  • Ce site se propose de rapporter des histoires mystérieuses et peu connues. Car bien souvent, le paranormal est là où on ne l'attend pas. Il évoque aussi certaines énigmes, en les abordant sous un angle inédit.
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Les voies de l'étrange et du mystérieux
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25 mars 2020

Dialogue avec l'au-delà (4)

Toutefois, lorsque nous eûmes admis la possibilité que Jim fût en quelque sorte présent dans l’appartement et l’auteur principal de ce genre de phénomènes, nous remarquions le moindre fait inhabituel. Nous cherchions alors avec ardeur à l’expliquer par une cause naturelle, ou à l’attribuer à Jim. David, par exemple, entra un jour dans la chambre et vit que la façon dont les stores vénitiens avaient été fermés différait de la mienne. Bien sûr, il était possible que ce fût la femme de ménage – venue travailler ce jour-là – qui ait tiré la corde dans l’autre sens une fois son travail terminé ; mais nous ne nous rappelions pas qu’elle eût jamais agi ainsi auparavant, ni elle non plus. Aussi classâmes-nous le fait comme inexpliqué. Une autre fois, Maren remarqua qu’une petite photo de Connie, ma plus jeune fille, avait disparu. Jim l’avait fixée sur le mur près de la porte du salon, afin qu’elle restât bien en vue, car il aimait beaucoup sa sœur. Après avoir cherché vainement cette photo, nous renonçâmes. Mais le lendemain matin en m’habillant, j’éprouvai le besoin d’ouvrir le tiroir de la commode : la photo s’y trouvait à la place où j’avais mis les cartes précédemment trouvées sur le plancher.

Enfin, en regardant de l’intérieur à travers le panneau vitré de la porte d’entrée, David remarqua, tracées sur la face extérieure du verre, des marques de crayon jaune qu’il n’y avait jamais vues, pas plus que nous. Les signes étaient difficilement lisibles mais on pouvait lire go ou co au coin droit et ay plus bas (go away : allez-vous en ?). Il semblait y avoir 4 lettres, le reste était illisible.

Nous inspectâmes les portes d’entrée des autres appartements, à la recherche d’inscriptions similaires. Rien d’anormal au rez-de-chaussée, mais au second étage sur la porte se voyaient des traits illisibles, à la craie blanche. Peut-être, pensions-nous, s’agissait-il d’instructions pour les déménageurs, ou était-ce l’œuvre de farceurs ? Néanmoins, le fait que nous n’ayons rien remarqué de semblable auparavant nous troubla, et cela nous convainquit encore davantage qu’un mystère planait dans cet appartement.

Il nous fallut faire ce soir-là un gros effort pour nous appliquer au travail. Nous sentions que nous devions utiliser le temps au mieux ; mais il était difficile de se concentrer en présence de telles expériences, si nouvelles pour chacun d’entre nous. Toutefois, nous nous sentîmes capables d’avancer un peu dans la résolution de ces énigmes. Nous nous avouâmes mutuellement plus tard que chacun soupçonnait les deux autres d’être l’auteur de ces plaisanteries et surveillait son comportement. Quelle étrange occupation c’eût été pour nous ! Si Jim était vraiment l’auteur de ces manifestations, il était de ma responsabilité de découvrir le sens de toute cette histoire. Finalement nous réussîmes à nous concentrer sur notre travail avant d’aller nous coucher.

Le lendemain matin, par un froid sec, David préparait son petit déjeuner. Il versa sur les corn flakes le lait d’une bouteille qu’il avait retirée du réfrigérateur. En goûtant, il sentit que le liquide avait tourné. Il ouvrit une seconde bouteille du réfrigérateur : ce lait était imbuvable. David sortit alors sur la terrasse pour prendre une autre bouteille. (La température extérieure était si basse que le lait se conservait aussi bien dehors que dans le réfrigérateur.) Il ne put la boire. Les quatrième, cinquième et sixième bouteilles de lait étaient également gâtées, y compris celles qui avaient été livrées le matin même. Les suppositions que nous avions abandonnées la nuit précédente reprirent de plus belle. Je me rappelai avoir lu quelque part des histoires de sorcières qui étaient accusées de tarir ou de faire tourner le lait des vaches par leur seule présence. Une telle association me fit frissonner mais il me parut que nous étions en présence de phénomènes de ce genre. Cette quantité de lait tourné était inexplicable, et le fait physique était réel et indiscutable, nous en étions tous les trois les témoins.

Milk bottles

À 6 h ce soir-là, je devais prêcher à la chapelle de Clare College. Je suggérai à Maren et à David de m’accompagner, y voyant là une occasion pour eux quitter l’appartement, ce qui ne pouvait que leur faire du bien après toutes ces manifestations.

Le service terminé, j’étais invité à dîner au réfectoire de la Faculté. Mes deux collègues allèrent m’attendre à l’hôtel voisin, le Blue Boar. Après le dîner, je pris le café en compagnie des professeurs et bien qu’absorbé dans la conversation, j’eus soudain l’impression très nette que l’heure était importante, et sans y penser je jetai un regard à l’horloge monumentale. La position des aiguilles me donna un choc : 8 h 19. Cette heure était devenue le symbole de la présence vivante de Jim. Je revins à la conversation générale, mais mon humeur avait changé. J’étais de plus en plus convaincu que mon fils me faisait sentir sa présence de toutes les  manières possibles. Je pris rapidement congé en m’excusant et je regagnai le Blue Boar pour y retrouver David et Maren qui ne m’attendaient pas si tôt.

Nous avions maintenant mis au point un rituel que nous observions chaque fois que nous revenions à l’appartement. Nous tournions lentement la clef dans la serrure et nous ouvrions la porte comme si nous nous attendions à y trouver quelqu’un – bien que sachant la chose impossible. Nous inspections en détail chaque pièce pour voir si quelque objet avait bougé pendant notre absence. Nous notions et discutions chaque incident ou phénomène inexpliqué que nous avions constaté. Ce samedi soir, le 27 février, lorsque nous rentrâmes, la température de l’appartement était anormalement élevée. Il y faisait beaucoup plus chaud que d’habitude. J’avais eu un entretien avec un jeune prêtre du diocèse d’Ely juste avant que nous partions pour Clare College et je n’aurais pas manqué de baisser le thermostat si, pendant notre conversation, il avait fait une chaleur pareille. De toute façon, de nous trois, j’étais le plus habitué à la vie anglaise où les températures négatives sont plutôt basses. De plus, j’étais certain d’avoir vérifié le thermostat avant de sortir.

À cette époque, nous étions devenus très impressionnables. Je me souvins aussitôt que Jim avait l’habitude de régler le chauffage au maximum, et que cette manière de faire m’avait souvent quelque peu agacé.

Nous inspectâmes l’appartement sans rien y découvrir d’anormal, mais dans la chambre nous vîmes que ma bible, que j’avais placée sur la commode après m’en être servi, se trouvait maintenant sur le plancher entre les deux lits, près de la table de nuit, exactement à la place où nous avions trouvé les cartes postales et les livres les jours précédents. De plus nous découvrîmes l’Annuaire de l’Église d’Angleterre caché contre le mur derrière le radiateur électrique. Or, je me souvenais parfaitement avoir posé ce livre cet après-midi-là sur une étagère du salon. Qui donc aurait pu le dissimuler là depuis ?

Tous ces faits insolites me décidèrent à agir. Je réunis mes deux amis en conseil de guerre dans le salon. Je leur racontai une conversation que j’avais eue au printemps précédent.

Lorsque j’étais venu en Angleterre en mai 1965 pour faire une conférence dans un camp de vacances pour prêtres à Clacton-on-Sea, l’évêque Stockwood m’avait invité à dîner un soir, en compagnie du chanoine John Pearce Higgins, doyen de la Cathédrale de Southwark. Au cours d’un repas lent et fin, dans un restaurant français, nous avions abordé de nombreux sujets ; nous avions discuté, entre autres, des phénomènes paranormaux. Comme j’avais annoncé à mes deux collègues que j’allais obtenir un congé sabbatique et que j’en profiterais pour repenser à loisir certaines questions doctrinales en usant de ma méthode « Faits + Foi », ils m’avaient suggéré de passer quelque temps à Londres où l’Église anglicane et la Société de Recherches Psychiques (S.P.R.) possédaient des archives importantes : je pourrais ainsi en apprendre davantage sur les phénomènes psychiques dûment contrôlés, et m’y référer comme base de preuve de la vie dans l’au-delà. Le chanoine Pearce Higgins, qui avait longtemps étudié ces questions, s’était offert pour me guider dans ces recherches.

Comme le sujet ne m’intéressait pas particulièrement et que je fus ensuite absorbé par mes études sur le Christianisme primitif, je n’avais donné signe de vie ni à l’évêque ni au chanoine. J’avais lu dans la presse, de temps à autre, des reportages sur les cas de hantise, de poltergeists, ou d’exorcisme – dont l’un avait été pratiqué par un évêque anglican. J’en avais gardé l’impression que les Anglais étaient plus ouverts que les Américains, non seulement à la possibilité de la survie mais aussi à l’hypothèse de la communication avec les défunts.

Lorsque j’eus terminé, David, Maren et moi décidâmes de prendre contact avec John Pearce Higgins pour lui demander son aide. Le 28 février au matin, je téléphonai le chanoine et lui expliquai, non sans quelque embarras, que je regrettais de ne pas lui avoir fait signe plus tôt.

-Mais, ajoutai-je, ce n’est pas pour une question théologique que je vous appelle, John. J’ai besoin d’une aide, euh… disons… technique !

Et je lui résumai les évènements dont nous avions été témoins au cours des 8 derniers jours. J’ajoutai que mes deux amis et moi en avions conclu à contrecoeur que tout cela présentait un rapport avec le suicide de mon fils à New York.

-Oh oui, répondit Higgins, pardonnez-moi de ne pas vous avoir présenté mes condoléances. Je me rappelle l’avoir lu dans le journal. Depuis combien de temps exactement avez-vous perdu votre fils ?

-Le matin du 4 février, 24 jours.

-Et quand les phénomènes ont-ils commencé à se manifester ?

-Le 20 février, répondis-je.

-Naturellement, remarqua le chanoine. En cas de mort violente, quelles que soient les circonstances, l’esprit du défunt est désemparé et n’est généralement pas capable de se manifester avant une quinzaine de jours.

-Je vois, dis-je, quoique tout cela ne fût pas très clair pour moi. Mais que signifient ces manifestations ?

-On invoque souvent l’un des deux motifs suivants : ou l’esprit du défunt ressent une certaine hostilité à l'égard d'une personne qui habite là où il demeurait de son vivant, ou bien il s’agit d’un moyen par lequel il veut attirer l’attention.

Je répondis :

-Je ne peux croire que mon fils soit hostile à l’idée que j’habite dans notre appartement. Mais s’il désire attirer mon attention, eh bien ! c’est chose faite. Qu’allons-nous faire maintenant ? Croyez-vous que je doive consulter un médium ? Je me souviens que vous m’aviez mentionné un nom.

-C’est exact, répliqua mon interlocuteur. Je vous ai parlé de Mrs Ena Twigg. Mais il se peut que votre fils veuille seulement vous faire parvenir un message. Dans ce cas l’intervention d’un médium ne serait pas nécessaire. Voici ce que je vous conseille : asseyez-vous autour d’une table avec une autre personne. Retournez un verre sur une surface lisse ; découpez dans un papier les lettres de l’alphabet, disposez-les en rond autour de la table ; ajoutez-y les mots oui et non et placez tous deux vos doigts sur le pied du verre ; l’un en face de l’autre ; attendez qu’il se passe quelque chose.

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