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Les voies de l'étrange et du mystérieux
Les voies de l'étrange et du mystérieux
  • Ce site se propose de rapporter des histoires mystérieuses et peu connues. Car bien souvent, le paranormal est là où on ne l'attend pas. Il évoque aussi certaines énigmes, en les abordant sous un angle inédit.
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Les voies de l'étrange et du mystérieux
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14 mai 2020

Dialogue avec l'au-delà (6)

La voix de Mrs Twigg haletait maintenant :

« Ce n’était pas volontaire… tout s’est écroulé d’un seul coup. Avalé trop de cachets… »

Je me souvenais du désir de Jim de se procurer du Romilar avant de partir pour New York – ce qui contredisait l’intention qu’il avait exprimée auparavant de ne plus en consommer. Je l’avais dissuadé d’en acheter, mais je craignais qu’il ne succombât. Ce que le médium évoquait était bien la vérité.

Alors Jim – si toutefois c’était bien lui – continua de parler, il mentionna la date de naissance de Maren – en août – et le nom de famille d’un couple de nos vieux amis.

[…]

« J’ai vaincu le dernier ennemi, la mort, aussi je suppose que j’ai passé le pire. »

Mrs Twigg se remit à parler pour son propre compte, me regardant avec un sourire qui en disait long :

-Il s’exprime très bien et possède un vocabulaire étendu. Il voulait écrire. Il peut vous aider dans vos travaux…

Puis, reprenant la parole pour Jim :

« Personne ne me reproche rien ici ; il n'y a que de la compassion et de la compréhension. Je suis navré pour ce qui est arrivé, je voulais tellement vivre. Dites à mes sœurs et mes copains que je les aime tous. J’ai été si malheureux de n’avoir pas trouvé le moyen de vous le dire. Je ne peux croire en Dieu en tant que personne, mais je crois maintenant à l’éternité. »

Jim paraissait expliquer :

« Je croyais qu’il y avait un moyen de m’en sortir. Je le voulais. J’ai découvert qu’il n’y avait pas d’issue. J’aurais voulu pouvoir réfléchir à ces problèmes dans une ambiance plus sereine. »

Alors me vint à l’esprit une page du carnet de Jim : il y avait quelques mots – je ne savais plus exactement où – qui se rapportaient à ce que j’entendais aujourd’hui. Plus tard, lorsque je revins à San Francisco, je cherchai parmi mes papiers et je lus :

« L’hôpital est endormi, le lit craque. Je sors dans le corridor. Les lampes au néon donnent une lumière sans ombre ; il n’y a aucun recoin pour se cacher. Le plan des lieux m’est inconnu : de couloir en couloir et de portes en corridor et encore des portes. Partout la même propreté et la même netteté. Il me faut suivre mon instinct pour trouver la sortie parmi toutes ces portes, et m’évader de cette nuit sombre et froide. Marcher comme un homme libre, mais sans bruit. »

La voix de Mrs Twigg continuait :

« Je sais que je ne peux mourir mais je ne peux être chrétien. Je vais travailler dur, ce sont les examens cette année, peut-être puis-je les passer ici ? Je pense que je les aurais réussis. »

Les mots venaient avec un tel débit que j’étais content de voir John Pearce Higgins prendre des notes sur l’essentiel. J’aurais besoin de relire le compte-rendu de la séance et d’y réfléchir. Mais pour le moment, j’étais frappé de sentir avec une telle persistance que Jim était présent et que d'une certaine façon, nous étions en rapport l’un avec l’autre.

Jusqu’à ce point de la séance, j’étais resté silencieux, écoutant avec attention. Il régnait dans la pièce une atmosphère feutrée et recueillie. J’étais très gêné et je n'osais parler à Mrs Twigg ou à Jim – s’il était réellement là et si on pouvait l’atteindre. Pourtant je me risquai à intervenir :

-Dites à Jim que je dois prendre l’avion de Chicago dans quelques jours pour assister à une réunion aux U.S.A. (Je comptais ajouter que je téléphonerais à sa mère pour lui relater la séance.)

« Soutenez le combat, interrompit la voix, surtout ne vous ménagez pas. »

Un article dans la revue Look était paru immédiatement après la mort de Jim. Les plaintes des milieux religieux qui m’accusaient d’hérésie avaient préoccupé l’évêque président. Celui-ci m’avait téléphoné depuis l’aéroport de San Francisco et m’avait proposé de rencontrer d’autres évêques pour en discuter, aussitôt que je serais rentré aux U.S.A., après la fin de mon congé sabbatique.

J’y avais immédiatement consenti.

Il semblait que Jim, par l’intermédiaire de Mrs Twigg, ait tout de suite compris l’importance du mot Chicago, et j’appréciai ses encouragements.

-Merci, Jim, répliquai-je. Mais je voulais te dire que j’appellerai ta mère de Chicago pour tout lui raconter.

« Très bien », fut la réponse. « Je veux qu’elle sache que je l’aime vraiment et que je suis vivant. »

-Elle le croit, Jim, répondis-je avec confiance. Maintenant es-tu seul ou… ? Comment se passent les choses pour toi ?

« Il y a des tas de gens autour de moi et des mains qui me soutiennent en quelque sorte. » (Et après une pause :) « Je me sentais si malheureux, avant de pouvoir communiquer avec vous. »

Alors, le ton de Mrs Twigg changea ; il était clair qu’elle parlait maintenant par elle-même :

-Il y a quelqu’un qui parle avec un accent étranger, un Allemand je crois. Paul, il s’appelle Paul. Il dit : « Ne vous inquiétez pas pour le garçon, il est en sécurité, nous lui prodiguons notre amour. » Et il vous dit aussi, à vous évêque, d’agir en rebelle qui défend une cause, car il ne sert à rien d’être rebelle sans cause. Paul dit qu’il travaille encore et que rien n’altère sa foi. Il vous envoie ses amitiés. Il est avec vous. Il ajoute : « Merci de m’avoir dédié votre livre. »

Stairway to heaven

J’étais stupéfié et bouleversé. En effet, j’avais dédicacé mon ouvrage What is this treasure à un ami, l’écrivain Paul Tillich, qui avait effectivement un accent allemand. Le Dr Tillich était mort l’hiver précédent.

Malheureusement, étant novice en ce domaine, je n’eus pas le réflexe de poser d’autres questions pour tester l’identité de Tillich. Ce ne fut que beaucoup plus tard que j’appris à contrôler une identité au cours d’une séance. Pour le moment, je ne pouvais que reconnaître si la réponse « collait » ou non.

Paul Tillich poursuivait :

« Le garçon était un visionnaire en décalage avec notre époque. Il se heurtait à une société hostile dans laquelle la sensibilité est considérée comme une faiblesse. »

Cela sonnait juste avec tout ce que je connaissais de mon fils.

Jim parut interrompre :

« Je veux remercier le secrétaire (Pearce Higgins) de vouloir bien servir d’intermédiaire et de m’aider à trouver mon chemin. »

Maintenant je voulais parler à Jim directement ; cela me parut étrange de m’adresser à quelqu’un d’invisible.

-Savais-tu ce qui allait t’arriver, lorsque tu m’as quitté à l’aéroport de Londres ? demandai-je.

La voix supposée de Jim répondit :

« Je le craignais, j’avais peur de vous voir partir pour la dernière fois ce jour-là. »

Paul Tillich parut interrompre à nouveau : on eût dit que Jim et lui se disputaient la parole.

« Combattez pour la liberté ; pourquoi craindre de foncer puisque les anges sont déjà avec vous ? »

-Maintenant, Paul, reprit Mrs Twigg de sa voix à elle où perçait un ton mi-amusé, mi-réprobateur, un seul de vous deux doit parler à la fois, et le jeune homme voudrait dire quelque chose à son père.

Jim sembla parler à nouveau :

« Ai-je trompé votre confiance ? »

-Non, bien sûr que non, répondis-je.

« Je travaille aussi là où je suis, afin d’apprendre à utiliser tous mes dons pour servir l’humanité. Une meilleure communication est une chose. Mais pendant ce temps mon livre de poèmes – c’est vous qui l’avez, le garderez-vous ? – pourriez-vous le faire publier ? »

-Quelques-uns d’entre eux pourraient être publiés, assurai-je. Je m’en occuperai lorsque j’y verrai un peu plus clair.

« Quand j’y verrai un peu plus clair, dit-il, quand j’aurai acquis plus d’expérience, j’essaierai à nouveau de composer et je vous guiderai dans vos réflexions et vos travaux de rédaction. En fait je vous ai déjà aidé. Rappelez-vous nos discussions sur la vie dans l’au-delà. Eh bien, je pense que nous avons tranché la question. »

Paul Tillich parut interrompre à nouveau :

« Je ne savais pas que cela était possible. »

Il voulait sans doute parler de la communication par l’intermédiaire d’un médium. Et ces trois phrases :

« Quel chemin suivra l’Église épiscopalienne ? Il y aura de grands désordres mais c’est bien ainsi. Ne vous laissez pas faire. Ne baissez pas pavillon. »

Venant de Paul Tillich, ces remarques me semblèrent particulièrement appropriées.

« Cela me rappelle… »

-Oui, Jim ? s’interposa Mrs Twigg de sa voix à elle.

« … que rien de ce que j’ai vu depuis que je suis arrivé ici ne m’incite en quoi que ce soit à croire en Dieu. »

-Vous voulez dire quelque chose, Paul ? demanda Mrs Twigg. (Et se tournant vers moi :) Encore cet accent allemand.

« Eh bien, Jim n’est pas avec nous depuis assez longtemps. Quant à moi, je suis toujours croyant mais je conçois les choses différemment. »

« Dites à maman que je l’aime », fit la voix de Jim, comme s’il sentait que la communication touchait à sa fin. 

Je ressentais la même impression. On eut dit une batterie d’accumulateurs qui se déchargeait rapidement. Mais il y eut encore quelques commentaires épars :

« Nous devons tous mûrir. Soyez gentil, dites-lui que je suis revenu. Embrassez-la de ma part. Je serai avec vous en juin. Nous avons surmonté nos peines. Nous avons vaincu le dernier ennemi, et d’ailleurs, papa, il n’y aura plus de désordres maintenant, ni de mouvements. »

Et effectivement aucune manifestation ne se produisit pendant longtemps.  

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