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Les voies de l'étrange et du mystérieux
Les voies de l'étrange et du mystérieux
  • Ce site se propose de rapporter des histoires mystérieuses et peu connues. Car bien souvent, le paranormal est là où on ne l'attend pas. Il évoque aussi certaines énigmes, en les abordant sous un angle inédit.
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Les voies de l'étrange et du mystérieux
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12 octobre 2020

Dialogue avec l'au-delà (10)

Je pensais qu’il serait préférable d’avoir non seulement un témoin à la séance, mais aussi quelqu’un pour prendre des notes. Maren Bergrud, qui avait assisté à la première séance de Mrs Twigg, semblait la plus qualifiée pour ce rôle. Elle accepta avec plaisir, en espérant faire la comparaison entre les deux médiums.

M. Daisley se mit à m’expliquer que, en raison de ses facultés de clairvoyance, il pouvait voir mon fils et même l’entendre puisqu’il était « clairaudiant ».

Nous restâmes silencieux. À un moment donné, le médium tourna brusquement la tête dans une direction bien précise.

-Votre fils est maintenant debout derrière vous et légèrement sur votre gauche, annonça-t-il.

« Bonjour, papa. Je suis très content de vous voir aujourd’hui. J’étais avec vous récemment lorsque vous cherchiez un livre dans la bibliothèque sans pouvoir le trouver. Lorsque vous avez quitté la pièce, j’ai posé le volume sur le bureau et vous avez été surpris de le découvrir là. Vous savez, papa, j’ai essayé de provoquer un grand nombre de phénomènes physiques autour de vous. »

Un grand nombre… je pesai ces mots. Je n’avais remarqué que deux phénomènes. Mais si une personne décédée est capable de déplacer les objets, ne peut-on penser que dans de nombreux cas son action passe inaperçue, surtout pour un homme comme moi qui, débordé par la paperasserie, ne vit pas dans un ordre des plus rigoureux.

M. Daisley se penchait légèrement en avant sur sa chaise, les yeux dilatés, comme s’il regardait quelqu’un derrière moi tout en me parlant. Son visage brillait et était presque illuminé.

Ce qu’il me révéla sembla confirmer que Jim avait tenté de me contacter à nouveau. Si je relevais quelques erreurs de détail dans ses dires – que le livre était posé sur le bureau, par exemple, alors que c’était sur la table –, l’essentiel des faits était assez précisément décrit. Ou bien M. Daisley puisait le renseignement par télépathie dans mon inconscient et l’attribuait à Jim et cela sans connaître les incidents de Cambridge, ou bien le médium était effectivement en contact avec mon fils d'une façon ou d'une autre, alors que celui-ci usait de manifestations physiques pour attirer mon attention.

« Lorsque vous avez manqué la rue tout à l’heure et que vous avez monté la colline, poursuivit M.Daisley, parlant évidemment pour mon fils, j’avais peur que vous ne trouviez jamais la maison. »

-Comment le sais-tu ? dis-je pour voir quelle serait la réponse.

« J’étais là », dit-il sur le ton de la plaisanterie.

Je ne fus pas tellement impressionné par cette révélation. Après tout, nous étions arrivés avec quelques minutes de retard et nous n’étions certainement pas les premiers visiteurs de M. Daisley qui se perdaient en chemin dans cette partie de la ville. Le médium pouvait très bien avoir deviné sans que cela prouvât aucun don paranormal.

« Elle est ici avec moi, continua la voix. Nous tâchons tous les deux de vous aider. »

Je pensai à ce que le ministre inconnu m’avait dit, après le service à New York, qu’Élias – et non Élie – se tenait – au sens propre et figuré – derrière moi ainsi que mon fils pendant que je prêchais une doctrine non orthodoxe. La variance de nom était encore plus convaincante mais je doutai que M. Daisley sût qu’Élias était le grand-père de Jim.

« Votre père est là aussi, reprit Jim. Il dit que votre mère et lui sont différents. »

Je fus touché par la justesse de cette remarque.

Le médium continua, parlant pour son propre compte, cette fois :

-Élie et Jim étaient de grands amis dans cette vie. Elle dit que Jim est anxieux car il craint que vous ne vous fassiez du souci pour lui.

Cela me parut étrange. Élie et Jim avaient été de bons amis. C’était la vérité, mais je me demandais si Daisley savait qui était Élie. Et les commentaires qui suivirent sonnaient un peu comme un sermon réconfortant dont je connaissais bien la technique, et qui ne m’impressionna pas outre mesure, car en fait j’avais cessé de m’inquiéter pour Jim.

Daisley parlait rapidement comme s’il avait peine à suivre tout ce qu’il voyait et entendait.

-Il est en train de créer une impression de présence dans la pièce. Vous avez la faculté de médiumnité ! me dit-il soudain. (Puis il continua :) Votre fils est beaucoup plus grand que vous. C’est un garçon très intelligent ! Il ne peut exprimer ses regrets pour la peine qu’il vous a causée, mais c’est un choc et une surprise pour lui de se trouver encore en vie. Il a essayé de parler à son père pendant le sommeil de celui-ci, mais son père ne l’a pas reconnu. Il ne renoncera pas, mais il n’est pas satisfait des résultats de cette séance. Il pense qu’il va faire mieux.

M. Daisley se tourna alors vers Maren :

-Jim regarde maintenant la dame qui vous accompagne. Il dit qu’il a amené quelqu’un qui veut lui parler. Il s’appelle Edgar Cayce.

Le médium ajouta qu’Edgar Cayce semblait beaucoup s’intéresser à Mrs Bergrud. À un moment donné, Cayce révéla à Maren qu’elle avait lu récemment deux ouvrages de lui, ce qui était exact, et il lui donna quelques conseils sur ses lectures.

Cétait la première fois que j'entendais ce nom. Je sus plus tard que Cayce était un médium qui, de son vivant, pratiquait des cures spirituelles, en conseillant, pendant la transe, à ses patients de lire des ouvrages de métempsychose (doctrine selon laquelle l’âme se réincarne dans un autre corps, humain, animal ou végétal).

Daisley continua avec sa rapidité habituelle :

-Jim vous embrasse, Maren.

Nous fûmes tous deux suffoqués, car ni elle ni  moi n’avions mentionné son prénom depuis que nous étions arrivés. J’avais présenté Maren au médium comme étant « Mrs Bergrud ».

-Jim dit que vous êtes jolie et que votre coiffure vous va mieux que d’habitude, reprit la voix.

Mon esprit revint aussitôt aux bizarres incidents des mois passés. Je pensai immédiatement à la brûlure des boucles de Maren, à Cambridge, et à ce que Jim avait dit l’été précédent à San Francisco, « qu’il n’aimait pas ses boucles ». Aujourd’hui, la chevelure de Maren n’était pas bouclée. Cela me confirma dans l’idée que Jim était en quelque sorte responsable de la brûlure des mèches.

Alors, Edgar Cayce entra en scène et parla directement à Maren : « Vous et lui (Daisley me désigna) avez tenté une expérience de table tournante. Cela ne mène à rien. »

Remarquable révélation, pensai-je.

Alors Daisley dit avec un sourire :

-Jim demande où vous avez finalement mis ce poste de télévision.

Plusieurs jours auparavant, le menuisier était venu à l’appartement, et ma mère et moi avions longuement discuté de l’emplacement de notre nouveau téléviseur.

-Il pense que vous feriez mieux de prendre une pièce supplémentaire ou de vous débarrasser de quelques livres et de quelques meubles, poursuivit George Daisley, en imitant une expression de Jim.

Le médium n’était jamais venu chez moi, mais cette remarque était juste. Je fus très impressionné par ce qui, enfin, semblait être un phénomène de transmission de pensée. Daisley semblait capable de voir très précisément le passé récent.

-Jim est plus gai. Aussi a-t-il encore essayé de déplacer les objets.

Et pas seulement essayé, mais réussi, pensai-je.

-Élie me prie de vous dire que la plus grande partie de votre carrière productive est devant vous et que… rapporta Daisley. (Et s’interrompant :) Quelqu’un est là qui insiste sur le fait que vous avez des hommes d'église dans votre famille. Je ne sais pas qui c’est.

En changeant de sujet, il s’adressa à Maren :

-Jim demande si la montre que vous avez trouvée marche bien. Il dit que vous auriez pu en choisir une plus jolie.

Maren avait perdu sa montre et venait d’en acheter une autre bon marché.

Edgar Cayce

-Edgar Cayce vous parle maintenant, dit le médium en se tournant vers moi. Il dit que l’oncle Bill est dans le monde des esprits.

-Non, déniai-je, je n’ai pas d’oncles dans le monde des esprits.

« Oncle Bill est là ou sera bientôt là. Nous l’attendons. Il vous envoie ses amitiés et dit qu’il s’occupera de votre fils. »

Cette remarque ma stupéfia mais je n’y pensais plus lorsqu’en octobre, une lettre arriva disant que l’oncle Bill de Campbellville était mort après une longue maladie.

La voix de Daisley était impatiente comme s’il craignait de ne pas pouvoir rapporter tous les commentaires qui lui parvenaient :

« Papa, rapporta le médium comme venant de Jim, je me servirai de vous. Parlez au nom du clergé. Certains prêtres vous considèrent déjà comme un prophète. Peu importe si l’on vous persécute. »

-Edgar Cayce vous parle maintenant, dit Daisley. Il dit que vos yeux sont irrités et que cela ne cessera que le jour où vous changerez de lunettes. Votre vue baisse avec l’âge.

Je me rendis compte, plus tard, que dans de telles séances l’on reçoit souvent des commentaires sans intérêt, qui semblent remplir l’espace vacant entre les messages. Ces remarques tombent souvent justes, mais elles semblent si peu convaincantes que le témoin sceptique peut être agacé et rejeter toute la séance. Cette réaction me paraît injustifiée. Étant habitué à prêcher à l’improviste, je sais qu’un orateur prononce inconsciemment des banalités qui ont un double but : se donner le temps de regrouper ses idées et éviter un silence trop pesant. Le même procédé peut jouer pour les médiums qui parlent à bâtons rompus.

Je sentis que Daisley essayait de soutenir la conversation et je décidai de conduire la séance vers un sujet plus conséquent. Je demandais :

-Hé ! Jim, que devient Paul ?

Je voulais parler de Paul Tillich, mais Daisley (ou Jim) parut croire que je pensais à quelqu’un d’autre.

« Il n’est pas sur la Terre, mais il est difficile de communiquer avec lui. Il vient seulement d’arriver ici. »

J’en conclus que nous ne pouvions obtenir la communication avec Paul Tillich. Alors, sans plus tarder, Edgar Cayce reprit directement sa conversation avec Maren :

« Nous pouvons développer en vous la médiumnité si vous n’êtes pas trop impatiente, un pouvoir de guérison comparable à celui que j’avais sur la Terre. »

Cela ne m’intéressait pas beaucoup, mais je vis que Maren levait les sourcils. Elle me dit plus tard, lorsque nous étions dans la voiture, que cette proposition l’avait effectivement impressionnée. Elle avait poursuivi assez loin ses études de médecine et même de biochimie, mais elle avait dû renoncer à la suite de la maladie de son mari, de difficultés financières et de sa santé à elle, qui était mauvaise. Elle s’était sentie vraiment frustrée et l’était toujours, je le voyais bien. Elle avait commencé une cure spirituelle avec un prêtre du diocèse de Californie, spécialiste de la question.

Cependant Daisley continuait à parler :

-Jim dit : « Ne vous servez plus de ces stylos qui ne marchent pas. »

Je souris dans mon for intérieur. Bien que sans importance, cette déclaration était exacte. J’avais sorti de mes bagages une boîte de vieux stylos à bille et j’en avais essayé quelques-uns sans succès. Je les avais jetés au fond d’un tiroir.

Je changeai de sujet :

-Jim, y a-t-il quelque chose pour cet hiver concernant les autres dans la famille ?

« Non, je ne saurais le dire, papa », fut la réponse.

Ce n’était pas très éclairant.

Je pensai à une autre question pour tenter de vérifier si je me trouvais vraiment en communication avec mon fils :

-Cathy vient à la maison pour deux jours, Jim ! lançai-je sans donner au médium aucune indication qu’il s’agissait d’une des sœurs de Jim. Qu’est-ce que tu en dis ?

La réponse vint : « Dites-lui que je l’aime. Elles veulent croire. Je ne sais si elles le feront, mais dites-le à Cathy. »

La communication était trop imprécise pour être probante et pourtant j’avais senti intuitivement une impression de conversation.

M. Daisley s’assit sur le bord de sa chaise et me regarda intensément :

-Jim est en train de dire : « Maintenant dites à papa que nous travaillerons avec lui. Dites-lui que je n’ai pas du tout prémédité ma mort, que cela était écrit. Je n’ai pas suivi les conseils des forces du mal, mais mon temps sur la terre était fini. Je vais être beaucoup plus utile à papa là où je suis. Dites-lui qu’il ne doit pas avoir de remords. »

L’expression de bonne volonté qui se lisait sur le visage de Daisley renforçait le ton moralisateur de la séance. Ce que j’entendais n’était pas sans rapport avec les révélations obtenues chez Mrs Twigg ni avec ce que je savais de Jim de son vivant, mais cela me semblait un peu dépassé.

Le médium continua : « Vous serez témoin d’autres manifestations physiques; vous devrez lutter avec le clergé, vous écrirez un livre qui fera date avec l’aide d’Élie. Nous nous aiderons. »

Les prédictions défilaient, mais il fallut attendre deux mois pour qu'elles prennent enfin un sens : une accusation d’hérésie fut alors signée contre moi par une douzaine d’évêques qui l’avaient communiquée à tout l’épiscopat et publiée dans la presse. J’avais été censuré – sans même un semblant de procès – par l’assemblée des évêques réunie à Wheeling (Virginie occidentale). Un procès en hérésie m’attendait. Je commençai à écrire un de mes livres les plus substantiels, If this be Heresy, qui fut publié à la fin de 1967, soit un an plus tard. Une grande partie de son contenu était en concordance avec les idées de feu mon beau-père, Élie. D'autre part, je ressentis plusieurs fois la présence de Jim, à cause des manifestations physiques dont j'étais témoin.

Mais j’ignorais tout cela au moment où parlait Daisley, qui clôtura la séance en disant :

-Ils vous envoient tous leur bénédiction. Beaucoup d’autres auraient voulu se manifester également.

-Merci infiniment, dis-je à George Daisley. (Puis, à tout hasard, mais très sincèrement :) Merci, Jim, c’était bon de te retrouver.

Était-ce vraiment Jim ou le croyais-je ?

Nous prîmes alors congé du médium.

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