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Les voies de l'étrange et du mystérieux
Les voies de l'étrange et du mystérieux
  • Ce site se propose de rapporter des histoires mystérieuses et peu connues. Car bien souvent, le paranormal est là où on ne l'attend pas. Il évoque aussi certaines énigmes, en les abordant sous un angle inédit.
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Les voies de l'étrange et du mystérieux
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2 octobre 2020

Dialogue avec l'au-delà (9)

Indépendamment de mon travail au Centre, j’avais l’intention de poursuivre mes deux tâches principales : étudier les origines du christianisme, et les rapports de l’Église avec la société aux époques troublées.

Ce soir-là, j’avais téléphoné à Maren pour lui demander de venir dîner avec ma mère et moi et de m’aider à terminer cet article. En attendant son arrivée, je m’assis sur le lit pour lire quelques instants.

Mon attention fut attirée par un livre placé sur la table et que je n’avais pas vu auparavant. C’était La Date de la Cène. Machinalement je m’en emparai. Le volume s’ouvrit à la page où se trouvait une carte postale glissée dedans. C’était une des photos de Jim et moi à dos de chameau prises à Beersheba et que je ne me rappelais pas avoir sortie de mes bagages. De plus, elle était légèrement collée à la page du livre avec une substance qui rappelait celle que nous avions déjà remarquée à Cambridge. Je pensai immédiatement aux manifestations insolites de mon séjour en Angleterre et j’eus une curieuse sensation de « nous y voilà encore ». C’est alors que je notais le numéro de la page marquée par la carte postale : c’était le début d’un chapitre intitulé « Solution des conflits entre l’Évangile de saint Jean et les Synoptiques » !

C'est sûrement Jim ! pensai-je. Je me rappelais cette phrase qu’il m’avait dite à la seconde séance du médium : « Je serai avec vous en août. »

Alors je me souvins de ce qui m’avait été annoncé : que je changerais de situation. Se pouvait-il que Jim voulût entrer en contact ? Nous étions le 31 juillet et je commençais mes nouvelles fonctions le lendemain matin.

Ce soir était la veille d’un jour de fête.

Le matin suivant, en roulant vers le Centre, je réfléchissais à ces évènements de la veille, qui pouvaient être destinés à attirer une fois encore mon attention.

Je me souvenais naturellement de Spiritual Frontiers. Je me demandais s’il y avait des membres de cette congrégation dans la région de Santa Barbara.

Arrivé au Centre, j’entrai directement dans mon nouveau bureau avec cette pensée en tête. Quelques minutes plus tard, un de mes collègues, M. Irving Laucks, vint me rendre un journal qu’il m’avait emprunté deux jours plus tôt.

-Ce n’est pas ce que je recherche, dit-il. Ce dont je voulais parler l’autre jour, c’était l’étude des phénomènes de perception extra-sensorielle dans leur rapport avec la religion.

-Oh ! je vois, dis-je, assez surpris de rencontrer au Centre quelqu’un intéressé par la parapsychologie.

-Avez-vous déjà étudié le sujet ? me demanda-t-il.

-Oui, il se trouve justement que j’ai eu hier soir quelques expériences semblant relever de ce domaine, répliquai-je, un peu hésitant. (Je n’avais encore parlé de tout cela à personne en dehors de ma famille.)

Je lui fis un bref résumé des manifestations qui m’avaient conduit à m’intéresser aux phénomènes psi et lui suggérai que nous en discutions en détail un peu plus tard.

Comme nous nous promenions sous les colonnades qui entourent la cour du Centre, je lui fis part de mon intention de rencontrer quelqu’un de compétent, au cas où mon fils essaierait réellement d’entrer en contact avec moi.

-Mais, ajoutai-je, je ne connais personne ici.

À ce moment, je levai les yeux et je vis quelqu’un s’avancer vers moi. C’était un homme de haute taille aux yeux bleus et aux cheveux grisonnants.

-John Mac Connel ! criai-je, en lui tendant la main. Quel bon vent vous amène à Santa Barbara ?

-Évêque Pike ! Je savais que vous deviez venir au Centre mais je me demandais si vous étiez déjà arrivé ; je suis si heureux de vous retrouver ! répondit-il. J’ai fait une réunion ici.

-Venez jusqu’à mon bureau, lui dis-je.

-Je suis venu vous demander, dit Mac Connel, si vous accepteriez d’enregistrer un appel pour nous.

Je donnai immédiatement mon accord et je suggérai de nous retrouver un peu plus tard dans la salle de réunion, pour y faire un bref enregistrement.

-En attendant, lui demandai-je, dites-moi comment s’est passée votre réunion à Santa Barbara ?

-Très bien, répondit John. Il se trouve qu’il y avait un ministre très intéressant à la réunion du vendredi soir, le révérend George Daisley.

-Ah oui ? fis-je poliment. De quelle Église est-il ?

-Pas exactement d’une église. Il appartient à la congrégation des Spiritual Frontiers.

- Spiritual Frontiers ? répétai-je. Quel nom avez-vous dit ?

- George Daisley.

Je pris note immédiatement.

-C’est un homme absolument remarquable, dit John.

-Probablement un médium, ajoutai-je prudemment, ne sachant trop ce que John connaissait sur le sujet.

-Oui, c’est exact. En fait, j’ai arrangé une séance avec lui, répliqua tout naturellement mon interlocuteur. C’était ma première expérience avec un médium. Je souhaite que vous fassiez sa connaissance.

-Moi aussi, répliquai-je, je n'y manquerai pas.

-Vous souvenez-vous, continua John, que j’avais  promis de vous communiquer les noms et adresses de tous ceux qui ont eu des expériences psychiques durant la nuit où est mort votre fils ? Eh bien, c’est chose faite. J’ai la liste dans ma serviette, pour le cas où je vous aurais rencontré à San Francisco ou ici.

-Merci beaucoup, John, je vais prendre note de tout cela.

Je me rappelais que Mac Connel avait demandé un rendez-vous à ma secrétaire, le dernier jour de mes fonctions à l’évêché de San Francisco. Sur le moment, je croyais qu’il voulait me parler de la minute de paix, et étant débordé par les responsabilités de dernière minute, j’avais d’abord dit à Myrtle que je n’avais vraiment pas le temps.

-Je crois qu'il veut vous dire quelque chose de personnel, avait-elle répliqué.

Et c’est ainsi que je l’avais reçu dans mon bureau. John m’avait alors raconté certaines expériences auxquelles lui-même et d’autres personnes avaient été sujets dans la nuit du 4 février, date de la mort de Jim.

Cette nuit-là, Mac Connel s’était réveillé en sursaut, en proie à une terreur subite, « comme s’il allait mourir », disait-il. » J'usais de toutes mes facultés pour m’accrocher à la vie et pour comprendre d’où venait cette angoisse. Il me semblait que quelqu’un – qui n’était pas de ma famille – était mourant et que je devais prier pour lui. Je pleurais et priais pendant deux bonnes heures. »

À cette époque, John logeait au séminaire de théologie de New York. Il ajouta que ce matin-là, il avait rencontré dans l’ascenseur une amie, Miss X…, qui logeait là elle aussi, et qui n’en pouvait plus d’attendre pour lui raconter son « horrible expérience » de la nuit passée.

Dès les premières heures du matin, elle avait été brusquement réveillée par des coups frappés à la porte du dortoir des femmes. Elle alla ouvrir et elle vit deux faces de démons. Alors elle s’éveilla pour de bon et s’aperçut qu’elle n’avait pas bougé de son lit. Mais le cauchemar avait été si horrible que Miss X… n’avait pu se rendormir et qu’elle avait gardé jusqu’à son lever la sensation profonde que quelque chose de terrible s’était produit.

Mort faucheuse

Miss X…, qui avait personnellement attesté ces faits par écrit, ignorait la mort de Jim (qu’elle ne connaissait pas). Prise par une impulsion soudaine, elle avait téléphoné à une amie à elle, Miss Y… Celle-ci, fille d’un des chanoines, avait connu Jim au collège lorsque j’étais chapelain à New York à la cathédrale de St John the Divine. Les deux jeunes femmes n’avaient d’ailleurs pas été en contact depuis un certain temps.

John et son amie apprirent le suicide de Jim par les journaux et confrontèrent l’heure de leur expérience avec celle du drame. Miss X… comprit alors combien il était étrange, surtout après son cauchemar, que le prénom de Jim eût été mentionné au cours de la conversation téléphonique qu’elle avait eue avec Miss Y… le matin de la tragédie. John me connaissait déjà, mais non mon fils. Quant à Miss Y…, elle était l’amie commune de Miss X… et de Jim.

Enfin Mac Connel me dit avoir mentionné ces étranges coïncidences la semaine suivante au cours d’une réunion de prière à l’église luthérienne de Brooklyn. Un pasteur qui y assistait avoua qu’il avait lui-même été réveillé de cette façon ce matin-là, et, semble-t-il, à la même heure.

Après avoir entendu les récits de John et du pasteur, une autre personne présente, Miss Anna Marie Zaccharias – qui devint plus tard Mrs John Mac Connel – rapporta qu’une expérience similaire lui était survenue le même matin du 4 février et se demanda si cela pouvait avoir été suscité par la mort tragique de Jim.

Elle s’était réveillée autour de 3 h du matin, en proie à une peur panique ; elle raconta : « Je me mis à prier pour en être délivrée et je me souviens avoir essayé de deviner quelle en était la cause. Au cours d’une lutte qui dura environ une heure, je pris conscience qu’un évènement terrible se passait quelque part au même instant. Je ne savais ni où ni comment. Après avoir prié pendant une heure environ, je me sentis soulagée et me rendormis. »

Ces révélations recoupaient divers autres témoignages que je possédais déjà. Peu de temps après la mort de mon fils, j’avais appris qu’une expérience semblable avait été vécue à New York le matin fatal par Nan et Billie, les deux amis que Jim voulait tant revoir lors de son passage dans cette ville. Connaissant les projets de Jim, j’avais envoyé à Nan un mot, de Cambridge, pour l’avertir qu’il séjournerait à New York surtout parce qu’il voulait la revoir, elle et Billie, et que j’espérais que mon fils lui téléphonerait à la fin de l’après-midi ou dans la soirée du 2 février. Je lui avais fait part de mes craintes concernant la drogue.

N’ayant reçu aucune nouvelle de Jim le soir du 2 février, Nan téléphona à Billie. Son intuition lui disait que quelque chose n’allait pas et, à eux deux, ils donnèrent quelque 30 coups de fil à différents hôtels de la ville, en vain.

Aux premières heures du matin, le 4 février, ils furent réveillés tous les deux par l’horrible pressentiment d’un malheur imminent. De son appartement de Greenwich Village, Nan appela Billie qui habitait à Brooklyn. Ils partagèrent leur angoisse mais ils ne pouvaient rien faire. Le soir, les journaux leur apprirent la nouvelle.

Tout cela me traversait l’esprit pendant que je parlais à John ce matin-là à Santa Barbara. Je me demandais quel mystérieux rapport pouvait expliquer de telles transmissions. J’avais lu des récits suivant lesquels des personnes mourantes ou décédées depuis quelques instants apparaissent à des êtres chers ou à des amis ; j’appris plus tard que certains scientifiques considèrent de telles apparitions comme constituant une des preuves les plus convaincantes de la survie des défunts.

Cependant les expériences que je viens de rapporter ne comportaient pas d’apparitions, mais des sentiments d’angoisse et de dépression qui avaient atteint ces gens juste avant le suicide de Jim. Je supposai que ces phénomènes pouvaient s'expliquer par le facteur psi, bien qu'ayant du mal à comprendre comment des gens qui ignoraient jusqu'à l’existence de Jim, et réciproquement, aient pu être mêlés à ces expériences. D’autre part, si l’inconscient collectif était en cause – transmission de pensée –, ce sont plutôt les gens du voisinage ayant quelque rapport même lointain avec mon fils ou moi qui auraient dû recevoir ces messages. Quelle que fût l’explication, c’étaient là d’étranges évènements.

Pendant que John se rendait à la salle de conférences, je plongeais dans un abîme de réflexions concernant cette série de coïncidences. Deux livres auxquels j’avais pensé dans un contexte approprié apparaissant étrangement la nuit précédente, la question posée par Irving Laucks le matin même, l’arrivée de John Mac Connel qui me parle d’un ministre des Spiritual Frontiers, ses révélations concernant les étranges expériences survenues à l’heure de la mort de Jim. Enfin, la date du jour (nous étions le 1er août) : tout cela était-il simplement dû au hasard ? ou était-ce un exemple de ce que Jung appelait la synchronie (principe d’évènements simultanés mais indépendants) ? Quoi qu’il en fût, tout m’engageait à renouer contact avec Jim si c’était possible. Cinq mois auparavant, il m’avait dit clairement : « Je serai avec vous en août. »

Le soir, ma tâche finie, je regagnai mon appartement en voiture. Aussitôt que j’eus franchi le seuil et dit bonjour à ma mère, je sortis mon agenda où j’avais noté le numéro du révérend Daisley et me dirigeai vers le téléphone. À ce moment précis, la sonnerie retentit. Je pris le combiné avec impatience.

-Allo, James ?

C’était David qui m’appelait de San Francisco.

-Oh ! David, comment allez-vous ? répondis-je, heureux de l’entendre.

-Tenez-vous bien ! me dit-il, ignorant la question. J’attendais pour vous appeler que vous soyez rentré chez vous, ne voulant pas vous déranger au Centre avec une réédition des évènements de Cambridge.

Absolument stupéfait, je balbutiai :

-Vous ne voulez pas dire que…

-Si, justement, laissez-moi vous raconter. (David parlait avec excitation :) Ma femme et moi étions sortis dîner en ville. Nous sommes rentrés vers les 11 h. En ouvrant la porte, nous avons trouvé dans le salon des épingles de sûreté ouvertes çà et là, quelques-unes d’entre elles étaient disposées d’une certaine façon, par paire, suivant un certain angle.

-8 h 19 ? demandai-je.

-Exactement, 8 h 19.

David était un observateur de qualité. Aussi je demandai si sa femme pouvait confirmer ses dires.

-Bien sûr. Elle n’avait jamais rien vu de semblable. Elle avait du mal à admettre ce que vous et moi avons expérimenté à Cambridge, mais aujourd’hui, elle est bien placée pour savoir. Avez-vous aussi trouvé des épingles ?

-Non, mais j’ai observé un certain nombre de coïncidences troublantes, répondis-je.

Et je fis le récit de ce qui s’était passé la veille chez moi et ce jour-là au Centre.

-J’ai l’impression que Jim cherche à rétablir le contact, remarquai-je. Rappelez-vous sa promesse de se manifester en août.

-Dans ce cas, pourquoi n’appelez-vous pas ce médium dont vous avec maintenant l’adresse ? demanda David.

-C’est ce que j’allais faire, au moment où vous m’avez appelé.

Nous échangeâmes encore quelques mots puis je raccrochai et composai le numéro.

-George Daisley à l’appareil, dit une voix dont l’accent me rappelait l’Angleterre. (Il était arrivé en Amérique en 1961.)

-Ici, James Pike, commençai-je. Je crois savoir que vous faites partie des Spiritual Frontiers.

-Oh ! évêque Pike, je suis si content de vous entendre ! Si vous ne m’aviez pas appelé, je l’aurais sans doute fait moi-même, répondit M. Daisley d’une voix toute naturelle, et sympathique.

-Oh !

Je ne pouvais cacher mon étonnement.

-Voyez-vous, j’attendais ce coup de fil, expliqua-t-il. Votre fils est entré en contact avec moi voici une quinzaine de jours.

-En contact ? dis-je. Je suis à Santa Barbara depuis 5 jours, mais…

-Non, c’était votre fils. Une voix venue de je ne sais où m’a parlé à travers la pièce en me disant simplement : « Je suis Jim Pike, le fils de l’évêque. »

-Vraiment ? fis-je, incrédule en dépit de mes expériences.

-J'ai levé les yeux et j'ai vu un grand jeune homme debout dans la chambre qui m'a dit :

« Je veux que vous m’aidiez à entrer en contact avec mon père aux environs du 1er août. »

« -Mais votre père doit me le demander en premier, Jim, répondis-je.

-Voyez-vous, il m’aurait paru contraire aux règles de la profession de faire moi-même le premier pas. Alors votre fils a dit qu’il allait faire le nécessaire. Il paraissait avoir une grande confiance en lui, si je puis dire. Si vous ne m’aviez pas appelé, j’aurais trouvé difficile de ne pas vous contacter, mais je préfère ce procédé.

J’étais abasourdi par ce que je venais d’entendre. Pourtant l’avertissement résonnait dans mes oreilles : « Je serai avec vous en août. » Il me semblait que mon fils tenait sa promesse. Rendez-vous fut pris avec M. Daisley pour le surlendemain matin.

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