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Les voies de l'étrange et du mystérieux
Les voies de l'étrange et du mystérieux
  • Ce site se propose de rapporter des histoires mystérieuses et peu connues. Car bien souvent, le paranormal est là où on ne l'attend pas. Il évoque aussi certaines énigmes, en les abordant sous un angle inédit.
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Les voies de l'étrange et du mystérieux
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9 juillet 2021

Dialogue avec l'au-delà (18)

Il nous semblait qu'Arthur Ford avait été en transe pendant des heures. Cette longue séance parut tirer à sa fin.

La voix du médium reprit :

"Il n'y a plus qu'une seule personne ici. Cet homme dit que s'il était encore sur Terre, il voudrait être votre ami. Il a été tué dans un accident d'auto ou il est mort des suites de cet accident. Je connais son prénom : Regis, Reginald ou Reg. Son nom a une consonnance comme Seiger. Il porte un habit ecclésiastique. Il est allé dans le même collège que vous en Angleterre et une fois ici, il est devenu président d'un collège anglican. Il est mort il y a peu. C'est un homme encore jeune, d'environ 45 ans."

-Cela vous dit-il quelque chose ? me demanda Allen.

-Non, répondis-je, mais nous pourrions le vérifier plus tard. Fletcher, lorsque vous parlez d'"ici", et que nous sommes à Toronto, voulez-vous dire au Canada ou aux U.S.A. ?

La réponse ne se fit pas attendre :

"Non, cet homme habitait dans cette ville. Vous avez fait sa connaissance il y a longtemps. Vous ne vous souvenez pas de lui. Mais cela se rapporte à un collège d'ici où cet homme était théologien. Il venait de Cambridge et est allé dans l'Ouest, puis il est venu ici. Qu'est-ce que "Trinité" ?"

Allen répondit aussitôt :

-Je vois ce qu'il veut dire. Il y a ici un collège de la Trinité, c'est une institution anglicane rattachée à l'université de Toronto.

Ford reprit :

"Il est mort dans un accident d'auto."

-Il s'appelle bien Reginald Seiger ? demanda Spraggett, tout en notant le nom afin de pouvoir vérifier ultrieurement.

"Ça commence par un S. C'est bien Reginald et son nom est Seeger, avec deux E. C'est tout ce que je peux obtenir."

Ici encore se manifestait la difficulté de communiquer les noms fidèlement. L'enquête menée par Spraggett révéla qu'un Reginald Seeger avait effectivement enseigné au Trinity College à Toronto en 1925-26. Puis il avait été évêque de l'Ontario, et enfin évêque de l'Huron, de 1932 à 1948. Nous aurions pu nous rencontrer, lui et moi, à Toronto ou ailleurs dans quelque cérémonie, mais je côtoyais tellement de gens ! Je n'avais aucun souvenir. Toutefois, en interrogeant sa fille, plus tard, nous apprîmes que Seeger n'avait jamais eu d'accident d'auto, mais qu'une pneumonie l'avait emporté, en 1948.

Voilà encore une erreur du médium, ou de son guide. Le contenu du message était en grande partie exact, excepté pour les circonstances de la mort. Si une entité était réellement en train de communiquer par le biais du contrôle ou du médium, il s'agissait peut-être d'une erreur d'interprétation commise par le médium ou le contrôle sur les propos tenus par Seeger. Si, au contraire, nous supposions que ceux-ci nous transmettaient des renseignements qu'ils avaient eux-mêmes puisés dans l'inconscient collectif par télépathie, on peut envisager qu'il y ait eu confusion avec les souvenirs d'une autre personne, morte dans un accident d'auto et ayant un lien avec Reginald Seeger. Auquel cas, le médium aurait confondu les faits. De toute façon, si le médium avait voulu évoquer quelque chose d'agréable, il avait manqué son effet, étant donné que je n'ai pu établir aucun rapport avec la personne en question.

Le commentaire qui suivit ne manquait pas d'intérêt :

"J'ai énormément de choses à dire, mais j'ai condensé ou supprimé, vous comprenez, tout ne peut être diffusé à l'antenne avant d'avoir été clarifié et vérifié."

Je comprenais. À maintes reprises, cet entretien m'avais mis dans l'embarras, car nous avions effleuré des sujets délicats. J'étais entièrement d'accord pour que tout fût contrôlé avant la diffusion et il y avait certains passages que je désirais couper. Je les supprime dans le présent ouvrage, car ils concernent directement des personnes toujours en vie.

Toutefois, j'avais été frappé par un fait remarquable : le scrupule et la prudence que j'observais moi-même se manifestaient aussi chez le médium ou le contrôle, notamment dans le choix du vocabulaire.

Après l'enregistrement, je demandai à Arthur Ford ce qu'il pensait du rôle tenu par Fletcher. Plus d'une fois, rapporta Ford, les assistants étaient venus, après une séance, lui dire à quel point Fletcher avait essayé de trouver les mots justes. Un tel scrupule me parut très important.

Quoi qu'il en fût, nous touchions à la fin de la séance :

"Jim dit maintenant que vous êtes sur le point de réaliser votre vocation. Toutes les expériences que vous avez vécues jusqu'à aujourd'hui vous ont préparé au rôle de porte-parole des temps nouveaux. Mais n'oubliez pas, la pensée à elle seule ne suffit pas, non plus que la sensibilité, seule l'union des deux permet à un personne de s'épanouir. L'une sans l'autre est source de confusion et rend maniaco-dépressif."

À l'énoncé de telles généralités, je compris que Ford commençait à émerger de sa transe. J'ai souvent observé qu'en fin de séance, la teneur des messages reflète les pensées inconscientes du médium.

À l'écoute de ces conseils portant sur la morale et la religion, comme d'ailleurs à tout ce qui est transmis en cours de séance, il convient de n'y attacher pas plus d'importance que si leur auteur les avait formulés à l'état de veille, dans la vie courante.

Comme la fin de la séance approchait, je dis :

-Transmettez mes remerciements à Jim et à tous les autres, notamment à Donald Mac Kinnon, à Louis Pitt et à toutes les personnes qui sont venues pour nous parler. Merci également à vous, Fletcher.

Toronto 1960'

Enfin Arthur Ford devint silencieux. La tête penchée sur la poitrine, il semblait dormir. Queques instants plus tard, il tressaillit, ôta le mouchoir qui lui couvrait la tête et se frotta les yeux. Spraggett demanda :

-Comment vous sentez-vous ?

-Très bien. Avez-vous obtenu queque chose ?

Allen hocha hocha affirmativement la tête et se tourna vers moi :

-Et si nous faisions une critique de la séance, Évêque ?

L'expérience m'avait personnellement quelque peu ému, mais il est difficile de traduire mes impressions en mots. Ma certitude était fondée sur une intuition profonde.

Nous nous lançâmes dans une longue discussion au cours de laquelle nous reconnûmes que les renseignements enregistrés devaient être classés en diverses catégories.

La première concernait les faits publiés dans la presse. De toute évidence, ces données étaient directement issues de la mémoire du médium.

D'autres renseignements pouvaient avoir été puisés dans ma mémoire consciente ou dans celle de M. Spraggett.

Enfin, certaines révélations semblaient provenir de ma mémoire inconsciente. Certains personnages y étaient si profondément enfouis qu'il m'avait fallu faire un effort de mémoire considérable pour les identifier, ainsi que leur mode de vie.

Dans ces trois sortes de renseignements, la télépathie aurait pu passer pour une communication métapsychique.

En revanche, certains évènements décrits par le médium étaient inconnus de nous. Par exemple, j'ignorais tout de la mort de Carol Rede, ainsi que du père de Donald Mac Kinnon, de même que je n'avais jamais entendu parler d'un Reginald Seeger. Qui plus est, j'avais obtenu, concernant les derniers jours de Jim, deux précisions importantes dont j'étais loin de me douter, mais que je ne puis dévoiler ici.

Évidemment, divers renseignements concernant les personnes évoquées - Mac Kinnon, Rede, Seeger - avaient pu faire l'objet de recherches avant la séance. Mais je ne vois pas comment Arthur Ford aurait pu connaître d'avance certains détails personnels cités lors de sa transe.

Ainsi, le médium ignorait que j'allais parler de propriété immobilière et il ne pouvait donc pas prendre la précaution de s'informer, avant la séance, sur l'acquisition du Rancho del Obispo faite par l'évêque Block, affaire qui lui était certainement inconnue.

Durant la discussion qui suivit la séance, je mentionnai une chose qui, aujourd'hui, m'intrigue toujours : pour découvrir après tant d'années que Carol Rede s'était montrée désagréable à mon égard, je présume que le médium ou son enquêteur éventuel aurait dû apprendre, de quelqu'un ayant travaillé à mes côtés, ce renseignement subjectif qui n'est écrit nulle part.

Reste à savoir comment il aurait pu dénicher une personne capable de lui répondre à son sujet. (Qui n'était même pas ma secrétaire, mais celle de l'évêque.) D'autre part, si l'on était allé à la cathédrale St. John the Divine pour enquêter sur mes relations, je doute que l'on eût pensé à citer Carol Rede, comme un témoin important de mes activités.

D'ailleurs, pourquoi le médium aurait-il choisi - en admettant la fraude - d'évoquer Miss Rede, personnage sans intérêt, et non pas, par exemple, Paul Tillich. Certainement cet enquêteur serait entré en contact avec les deux médiums, Twigg et Daisley, de qui il aurait appris que Tillich s'était déjà manifesté dans les séances précédentes. La même remarque peut s'appliquer à propos de plusieurs personnes qui furent évoquées et avec lesquelles je n'avais que peu ou plus de relations. Si j'avais moi-même dressé la liste des gens que je souhaitais voir se manifester, j'aurais choisi d'autres noms. Pour conclure, si la fraude avait été possible par enquête préalable à la séance, le mystère demeurerait entier quant aux moyens et procédés qu'on aurait pu employer et quant aux critères de sélection des personnages évoqués. Enfin, si une enquête sur mon passé avait été faite préalablement par Ford, c'eût été nécessairement près de mes amis ou relations. Or, jamais aucun d'eux ne m'a contacté, malgré la publicité faite autour de l'émission, pour me dire :

"James, le mois dernier, quelqu'un est venu m'interroger à votre sujet et, à la télévision, j'ai reconnu exactement mes propos."

Bref, si recherches il y a eu, leur auteur mérite d'être nommé, sans tarder, directeur général de la C.I.A. ou du F.B.I., pour avoir agi avec autant de discrétion et de savoir-faire.

Examinons maintenant la preuve de l'identité de la personne évoquée. Je dirais tout d'abord que la sensation que l'on éprouve, à la présence de quelqu'un, est très vivace. L'impression est si forte qu'elle vous oblige à admettre la réalité de la communication avec les défunts. Durant la discussion qui suivit la séance ce jour-là à Toronto, je comparai ce processus à une conversation téléphonique pour décrire cette intuition profonde. J'expliquai à mes interlocuteurs :

 -Supposons que je vous téléphone de très loin, et que vous refusiez de croire que c'est moi qui parle, à l'autre bout du fil. Je tenterais de vous convaincre. Je vous citerais des souvenirs communs, que personne d'autre ne connaîtrait. Je dirais par exemple à Allen :

"-Nous nous sommes rencontrés, à telle date, à Genève, pour la conférence Pacem in terris.

"Et vous répondriez :

"-Cela ne prouve rien. La nouvelle figurait dans tous les journaux. Vous avez pu lire mon nom dans la presse.

"Je continuerais :

"-Et ce succulent soufflé au fromage que nous avons mangé ce soir-là, vous rappelez-vous ? J'avais aussi perdu ma serviette. Elle était cachée sous la table.

"Et vous de rétorquer :

"-... Oui, c'est vrai, mais on a pu nous voir.

"Et ainsi de suite.

"Il me serait presque impossible de vous prouver à distance mon identité. Pourtant, je suppose qu'après avoir entendu un certain nombre de détails, vous seriez prêt à jurer que c'est à James Pike en personne que vous parliez."

La communication par l'intermédiaire d'un médium présente le même problème. Un détail en lui-même ne signifie rien en soi, mais après tous ces échanges, le consultant sait intuitivement s'il s'entretient bien avec la personne supposée.

J'ajoutai ce jour-là à Toronto :

-Exiger une preuve irréfutable, c'est trop demander, car dans de nombreux domaines, même scientifiques, nous nous contentons des faits établis. Le reste est une question de foi. Ne parlons donc pas ici de preuve, mais de "haute probabilité" qui justifie une affirmation.

Après plus de deux heures d'enregistrement, M. Spraggett mit fin, non sans regret, à l'émission. Les lumières s'éteignirent et comme nous quittions le plateau, le responsable des programmes s'avança vers nous et s'écria avec enthousiasme :

-Voilà ce qui s'appelle de la bonne télévision !

Ibid.

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