Langage nocturne
Lorsque Gene Sutherland, qui habitait à Mesa, en Arizona, allait se coucher, sa femme s'attendait plus ou moins à être dérangée au cours de la nuit : il lui arrivait en effet souvent de la réveiller en parlant dans son sommeil. D'ordinaire, elle se contentait de lui dire quelques mots, puis elle replongeait dans ses rêves. Mais une nuit, le discours de Gene lui parut franchement singulier…
Il avait l'air agité, surexcité, et il s'exprimait avec, semble-t-il, un fort accent étranger émaillé de son en « vitch » et en « ski »…
Comprenant tout de suite qu'il ne parlait pas de façon ordinaire, Mrs Sutherland enregistra le tout sur un magnétophone. Lorsqu'il entendit ensuite la bande, son mari tomba des nues. Wilma, quant à elle, était persuadée que c'était en russe qu'il avait rêvé tout haut l'autre soir. Pour en avoir le cœur net, elle s'adressa au professeur Lee Croft de l'université de l'Arizona, à qui elle fit écouter l'enregistrement.
Non seulement ce dernier confirma-t-il ses soupçons, mais encore fut-il capable de reconnaître huit ou neuf locutions russes, tels que « un ivrogne », ou bien « excusez-moi, ça tombe sous le sens ».
Gene Sutherland rétorqua bien sûr qu'il ne parlait pas un mot de russe, et qu'il n'avait été en contact avec des gens parlant cette langue qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les forces américaines dont ils faisait partie opérèrent leur jonction avec l'Armée rouge sur l'Elbe.
Lee Croft pense qu'inconsciemment, Gene Sutherland a enregistré le russe entendu à cette époque, et qu'il peut donc le ressortir pendant son sommeil.
Lorsque l'affaire s'ébruita, on lui proposa toutes sortes d'explications – on parla même de réincarnation et de possession diabolique.
Charles Berlitz, Événements inexpliqués et personnages étranges du monde